Résumé
Par le rire et la satire, Une Éducation Manquée interroge, les mœurs et l’ordre établi. Cette farce grotesque écrite, après la Révolution Française, pose la question intemporelle de la transmission d’une parole entre générations sur le sexe. Quoi de mieux qu’un opéra de poche pour parler de ce tabou ? Chant, théâtre et danse se mêlent pour créer un hymne à la joie communicatif.
Le comte Gontran de Boismassif et Hélène de la Cerisaie sont deux jeunes mariés. De très bonnes familles, ils ont reçu la meilleure éducation possible. Pourtant, le soir de leurs noces, Gontran ne semble pas savoir ce que doit faire un époux avec sa femme. Il fait venir Maître Pausanias, son précepteur, pour essayer de combler ce manque…
Quoi de mieux qu’un opéra de poche pour parler de ce tabou ? À l’heure où l’on voit réapparaitre les pensées conservatrices, et moralisatrices, cette histoire fait écho à notre actualité.
Tel un homme-orchestre, Luc Emmanuel Betton arrange les partitions joviales d’Emmanuel Chabrier, jonglant entre piano, violoncelle, orgue de barbarie, casseroles… Quentin Gibelin et Alice Masson s’interrogent sur l’importance du spectaculaire et la mise en jeu totale du corps. Ils créent une comédie musicale jouant sur le trouble des genres : le travestissement du cabaret, le jeu explosif de la commedia dell’arte, les claquettes du music-hall et des costumes kitchs. Chant, théâtre et danse se mêlent pour créer un hymne à la joie communicatif.
note d'intention
NOTE D’INTENTION UNE EDUCATION MANQUEE
Une Education Manquée est un opéra de poche composée par Emmanuel Chabrier sur un livret de Eugène Leuterrier et Albert Vanloo.
Gontrand de Boismassif vient d’épouser Hélène de la Cerisaie, c’est la nuit de noce. Gontrand sait qu’il doit faire quelque chose avec sa femme pendant cette nuit mais il n’a aucune idée de ce que c’est. Il fait alors appel à son précepteur Maitre Pausanias chargé de lui enseigner tout ce qu’un homme doit savoir. Nos trois personnages vont donc passer la nuit malgré la bienséance, la galanterie et la pudeur à essayer de combler ce manque à l’éducation de Gontrand.
Cet opéra composé en 1879 est une véritable farce musicale. Dans notre esprit la farce se doit de parler d’un fait de société et de le tourner en dérision afin de provoquer par le rire et la joie, une réflexion autour du sujet.
Notre farce à nous parle de la difficulté de communiquer autour de l’intime, entre génération mais aussi au sein d’un couple. Communication d’autant plus difficile dans un monde où un homme se doit d’être « viril, savant, fier, fort et galant », et où la femme se doit d’être « soumise, pure et ignorante ». Nous nous interrogeons alors sur ce dont nos personnages doivent se défaire pour pouvoir aller de l’avant…
Ici, nous assumons pleinement les codes de l’opérette, avec un décor bourgeois, des costumes kitchs, un jeu semblant ringard. Cependant notre décor est exigu, fragile, il grince, tremble. Nos costumes sont verdâtres comme usés, légèrement moisis, comme s’ils avaient passés trop de temps dans le placard. Le jeu, très expressif, volontairement lyrique et démonstratif est quant à lui court circuité par des rapports de corps et d’espaces alambiqués entre les personnages, où leurs corps racontent leurs faiblesses, leurs rapports d’autorités, mais aussi par le travestissement qui met en perspective et en interrogation permanente les devoirs d’un homme et d’une femme… A la fin du spectacle il faut, comme les aprioris de nos personnages, comme le monde poussiéreux auquel ils appartiennent, comme les valeurs qu’ils représentent : s’effondrer.
Le décor s’effondrera, littéralement, pour laisser place à plus d’espace, a une lumière joyeuse, a une bouffée d’air, a une circulation plus facile des êtres. De même les costumes qui engoncent nos personnages doivent s’arracher pour laisser place a des corps libérés, tactiles et sensibles. Notre jeu glisse vers des corps chorégraphiés de plus en plus dansants, de plus en plus charnels. Le tout symbolisé et transposé dans un monde de cabaret, où la fête, les paillettes, les strass, la magie et la rêverie ont toutes leur place.
La musique de Chabrier vient en complément de tout cela donner un écrin d’une incroyable inventivité. Elle est d’une très grande richesse. Emmanuel Chabrier n’avait pas besoin de composer pour gagner de l’argent, ce qui lui a permis de composer une musique extrêmement subtile et travaillée. Il avait le luxe d’aller au bout de ses envies avec des influences de son époque Offenbach, Massenet, Strauss… mais aussi du passé, on retrouve des citations baroques, renaissances, et traditionnelles… étonnement il écrit régulièrement des accords dissonants, alambiqués comme un prémice subtil au jazz…
Toute cette pièce est écrite et composé alors que Jules Ferry vient d’être nommé ministre de l’éducation. Il y a à cette époque une grande réflexion nationale autour de l’éducation. Ernest Buisson fait lire dans toutes les écoles de France un discours dans lequel il prône une Education horizontale, où le maitre apprend et enseigne en accompagnement de l’élève et non plus comme les Jésuites la pratique où le maitre sait et l’élève écoute et se tait. Nos auteurs s’inspirent de cela pour mettre en valeur la difficulté d’enseigner des sujets fondamentaux quand l’élève n’a pas droit au chapitre.
Notre réponse à un monde austère, réactionnaire, à une façon de faire du théâtre rétrograde et misogyne c’est d’inviter les spectateurs comme nos personnages à faire éclater les murs, les vêtements trop serrés pour sombrer dans le plaisir, le désir, la joie gourmande de faire la fête, d’explorer les interdits, et de plonger dans son intimité pour en sortir ce qu’il y a de plus vivant.
Quentin Gibelin et Alice Masson
Janvier 2022
Distribution
DISTRIBUTION : Emmanuelle Goizé, Quentin Gibelin, Gilles Bugeaud / Mise en scène et chorégraphie : Quentin Gibelin et Alice Masson / Musique réinventée : Luc-Emmanuel Betton / Régie générale et création lumière : Nicolas Poix / Décors et costumes : Suzan Awry / ©
PRODUCTION : Cie Le Roy s’Amuse / Coproduction : Le Théâtre, Scène national de Mâcon
Concert sandwich
Jeudi 17 février à 12h30
en compagnie de la Cie Le Roy s'Amuse
De la Scène au Grand Écran
Mardi 22 février à 20h
French Cancan
De Jean Renoir
A travers les amours tumultueuses de Danglard, producteur de spectacles et propriétaire d'un cabaret, les splendeurs et les misères du petit et du grand monde du Montmartre de la grande époque.
Rencontre
à l'issue de la représentation