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Les artistes associés et Le Théâtre

Le projet du Théâtre repose sur une présence artistique forte avec deux compagnies associées pendant trois ans : Kaplan/Cie Amala Dianor dirigée par le chorégraphe Amala Dianor et la compagnie en attendant… dirigée par le metteur en scène Jean-Philippe Naas. En complicité avec ces artistes, le projet La Fabrique de la relation s’exprime, se déploie et se partage avec les populations et les partenaires du territoire.

 

Quels ont été les éléments déclencheurs dans votre parcours professionnel ?

Amala Dianor : Je suis danseur de hip-hop avec une formation en danse contemporaine. Expérimenter d’autres types de danse m’a permis de rencontrer différents possibles. Mon travail consiste à amener mes danseurs à se détacher de ce qu’ils ont appris. Je leur demande de casser les codes et d’apprendre à se regarder, en leur montrant qu’il est possible de se réinventer. 

 

Jean-Philippe Naas : C’est un ensemble de rencontres (Nicole Reigner la documentaliste du lycée, le spectacle Elvire Jouvet 40, Françoise Bauer, le yoga, la danse contemporaine, la chorégraphe Odile Duboc, l’écriture de Jean-Luc Lagarce…) qui m’a fait dévier de ma trajectoire initiale (l’histoire de l’art et la gestion de la culture). Tout s’est ensuite cristallisé quand j’administrais la compagnie l’Artifice. Une commande d’écriture passée à Christophe Honoré par le metteur en scène Christian Duchange m’a poussé à faire un pas de côté. J’ai voulu voir comment un texte prenait corps et devenait spectacle. Après, il a fallu plusieurs années pour que je me sente légitime en tant que metteur en scène !

 

Que signifie pour vous être artiste aujourd’hui ?

A. Dianor : Être artiste c’est, pour moi, faire bouger les lignes, interroger ma place dans la société, les corps et les individus. Plus jeune, alors que j’étais à des années-lumière de me dire que je pourrais être artiste, j’ai été confronté à ma condition de noir : j’aspirais à être commercial et lorsque je sonnais à la porte des gens, ils appelaient les gendarmes.
En revanche, lorsque je dansais, je représentais « un noir qui danse » et cela rassurait. Or, je n’avais ni envie de faire peur, ni envie de convenir et j’ai su qu’il fallait que je fasse quelque-chose de ces préjugés, pour interroger le rapport que l’on a aux autres. 

 

JP. Naas : Être artiste en ce qui me concerne, c’est entretenir un rapport singulier avec le monde dans lequel je vis. Essayer de le comprendre, écouter ceux qui l’habitent, et ensuite prendre la parole. Le philosophe Gilles Deleuze a dit que l’on écrit pour, et que ce « pour » a aussi comme sens « à la place de ».
En créant des spectacles, je prends la parole à la place des personnes que je rencontre.

Le tout, en résonance avec ma propre histoire. Aujourd’hui, cela s’articule entre une double adresse : les tout-petits et les adolescents, et l’envie de favoriser la rencontre avec l’art.

 

De quelle manière imaginez-vous votre rapport au public de ce territoire ?

A. Dianor : En tant qu’ancien danseur de hip-hop, je suis là pour passer le relais, amener les jeunes à passer un cap et savoir ce qu’est, être danseur·se professionnel·le. Dans ce sens, je vais commencer par intervenir auprès des élèves du Conservatoire pour leur transmettre un extrait d’une de mes pièces, The Falling Stardust. J’inviterai également le public à assister au travail de création, à découvrir une pièce en cours de fabrication et à dialoguer avec mon équipe artistique et technique. Je concevrai également, avec le plasticien Grégoire Korganow, un court-métrage de la série « CinéDanse », avec des danseur·euse·s d’Afrique de l’Ouest que les spectateur·trice·s découvriront dans le spectacle Sigufin au Théâtre. Ce prochain film sera tourné dans le paysage mâconnais et j’espère que les habitant·e·s de ce territoire auront envie de s’en saisir et en seront fier·e·s. Et pour la suite, nous verrons ce que ces premières rencontres génèreront comme désir partagé. 

 

JP. Naas : Lorsque Virginie Lonchamp préparait son projet, nous échangions régulièrement sur la place d’un artiste au sein d’un lieu. Après sa nomination, le cercle s’est élargi à l’équipe du Théâtre pour identifier nos territoires et désirs respectifs, nos points de convergences. J’ai ensuite rencontré des responsables de structures culturelles, éducatives et sociales, partenaires de la scène nationale. Ce que je vais faire au cours de ces trois années va se nourrir de ce dialogue avec le territoire, celles et ceux qui le traversent, l’habitent, l’animent. Il y aura bien sûr mes spectacles programmés au Théâtre et dans l’agglomération, les répétitions de mes créations à venir, le tout s’entremêlera avec de nouveaux désirs et je l’espère, des occasions de me déporter.

Renseignements et billetterie
Du mardi au vendredi de 13h à 18h
Tél : 03 85 22 82 99
billetterie@theatre-macon.com
Le Théâtre, scène nationale
1511, avenue Charles de Gaulle
71000 Mâcon